Travaux d’aménagement du Glandon : un bilan décevant !
Incidence environnementale
Les travaux de réaménagement du Glandon, réalisés en 2018 en limite de la commune de Chapareillan, ont été inaugurés en septembre 2019. Leur réalisation conforte l’avis défavorable émis par GRENE et la FRAPNA lors de l’enquête publique en 2017.
Novembre 2019 :
Le Glandon en février 2018
En 2019 sur le tronçon réaménagé
L’inauguration officielle des travaux de restauration du Glandon a eu lieu le 12 septembre 2019 en présence de M. Philippe MEUNIER, Vice-Président de la Région chargé de l’environnement, qui a tenu à affirmer dans son discours que « La nature est faite pour l’homme ». Cette prise de position conforte notre scepticisme sur l’intérêt écologique de ce projet, aménagement essentiellement piscicole comme nous l’avions déploré lors de l’enquête publique.
Nous pensons que les résultats constatés sur le terrain ne justifient pas l’importance des terrassements et des destructions de la végétation existante. Le castor a déserté les lieux, son barrage ayant été rendu inutilisable par les travaux, dont la dérivation. Espérons qu’il reviendra s’installer plus en aval, favorisé par les plantations de saules qui ont l’air de bien reprendre, et que les acteurs locaux le laissera faire.
Le barrage en novembre 2017
En novembre 2019
Février 2018 :
Une enquête publique a lieu jusqu’au 16 février pour l’aménagement du Glandon aval, à la frontière entre la Savoie et l’Isère, sur les communes des Marches et de Chapareillan à la demande de la fédération de pêche de Savoie.
Ce cour d’eau est celui sur lequel nous suivons une famille de castors dont les barrages ont subit dans les derniers mois des destructions par un agriculteur puis par les intempéries.
Sur la rive droite en Isère un ENS a été mis en place. Les aménagements sont prévus sur la rive gauche en Savoie.
Mardi 13 février une équipe de membres de GRENE, de la FRAPNA et de la LPO est allée sur le terrain pour étudier la pertinence de cet aménagement.
Ci-dessous l’avis de GRENE et de la FRAPNA remis au commissaire enquêteur.
Objet : Restauration du Glandon Aval – Enquête publique
Madame le Commissaire,
L’association GRENE, parlant également au nom de la FRAPNA Isère, souhaite exprimer ses fortes réserves par rapport aux documents présentés, que nous n’avons découvert que tardivement grâce à l’affichage officiel in situ alors qu’une implication plus large en amont aurait sans doute permis de réaliser un meilleur projet.
En effet le projet actuel, qui s’inscrit dans le cadre légitime de la restauration écologique d’un corridor biologique entre la Chartreuse, les Bauges et Belledonne, se réduit en fait à un aménagement halieutique limité au lit mineur (élargi en lit « moyen ») du Glandon alors que les frais importants engagés, et la forte perturbation apportée corrélativement au milieu, permettraient une restauration beaucoup plus large et pertinente : celle de l’ensemble remarquable formé par le confluent entre le Glandon et le Cernon, puis du confluent du Cernon avec l’Isère, l’ensemble faisant l’objet de ZNIEFF de type I et II, et côté Isère d’un l’APPB et de l’ENS du département de l’Isère forêt alluviale de Chapareillan.
La fiche de contrat corridor jointe au dossier parle d’ailleurs bien de plusieurs niveaux d’ambition possibles, en rapport avec les orientations du SDAGE :
– 1er niveau : amélioration du lit mineur et des berges pour la faune piscicole ;
– 2ème niveau : reprise du lit et des berges par terrassement, afin de favoriser les échanges entre
milieux aquatique et terrestre ;
– 3ème niveau : création d’un nouveau lit par déplacement avec pour objectif la restauration de
la dynamique fluviale.
Le dossier présenté s’en tient clairement au 2° niveau, sinon au premier, c’est-à-dire à une approche interventionniste de remaniement, élargissement mais toujours encadrement du lit mineur, amenant un maximum de perturbation au milieu (terrassements, destruction d’arbres, risques d’extension de la renouée), pour un effet minimal sur l’ensemble du système : l’objet même des simulations hydrauliques est de montrer l’absence d’impact sur inondations dans le lit majeur, alors que précisément ce serait là tout l’intérêt d’une renaturation pensée dans un cadre suffisamment large. Rappelons pour cela les 3 volets des orientations du SDAGE :
- Agir sur la morphologie et le décloisonnement pour préserver et restaurer les milieux aquatiques
- Prendre en compte, préserver et restaurer les zones humides
- Intégrer la gestion des espèces faunistiques et floristiques dans les politiques de gestion de l’eau
Dans l’approche techno-centrée et exclusivement halieutique qui été retenue, le castor ne peut être vu que comme un gêneur, alors qu’il a précisément pour effet de diversifier le cours de rivières, tout en créant des zones humides du plus grand intérêt écologique. L’encadré du préambule est éloquent sur cette vision négative : « Nous demandons une dérogation pour détruire le barrage inactif ainsi qu’une gestion des futurs barrages afin qu’ils n’impactent pas plus de ¾ du nouveau tracé du tronçon 3 renaturé soit environ 172m de remous hydraulique toléré. ». Rappelons que cette demande de dérogation devra passer devant le CSRPN, qui ne pourra manquer d’être attentif aux contreparties écologiques d’une telle demande, et à son contexte général.
Une avancée pédagogique a pu avoir lieu, au cours du montage du dossier, lors de la prise en compte de l’installation d’un barrage de castors dans la partie amont du projet : «(…) la présence du castor a permis de développer une approche conciliant l’ensemble des usages (halieutique / occupation des sols / faunistique) » (page 67). Un canal de dérivation a en effet été prévu pour contourner le barrage au-dessus d’un certain seuil de crue, ce qui permet de préserver à la fois les champs en amont, et le barrage lui-même. Or un examen de terrain, fait avec le propriétaire des champs concernés, a fait apparaître la possibilité, pour le même effet, de revivifier un bras mort du Glandon au même niveau mais en rive droite, côté Chapareillan, ce qui permettrait de remettre en fonctionnement tout le complexe de milieux humides visé par l’APPB et l’ENS : cette solution a priori consensuelle serait à étudier en priorité.
Un pas a donc été fait dans le dossier avec ce canal de dérivation, mais dans le cadre trop étroit d’un lit mineur conservé : il faut aller plus loin avec le castor, ingénieur des cours d’eau net des zones humides, et mieux envisager les possibilités de restaurer un lit majeur, par effacement partiel ou ouvertures locales des digues, et surtout par relèvement du fond du lit.
Ces solutions de bon sens semblent cependant se heurter à une limite difficilement franchissable : celle séparant la Savoie et l’Isère. L’analyse de la matrice cadastrale jointe au dossier de TEREO ne concerne que la commune des Marches, et on croit lire sur le plan de réalisation que tous les efforts ont été faits pour maintenir le Glandon en Savoie, au prix d’importants déplacements de digues et destructions d’arbres. Or cette limite entre Isère et Savoie est elle-même ambigüe : sur la carte IGN elle est en rive droite du Glandon, sur le plan IGN en ligne elle est dans le Glandon, et enfin sur le cadastre en ligne – référence ultime ! – elle est en rive gauche, a priori au pied ou au sommet du merlon. Le Glandon coulerait donc en Isère…
En tout cas l’option manifeste de faire les travaux exclusivement en Savoie, quelle qu’en soit la raison, enlève beaucoup d’intérêt au projet sans pour autant faciliter les opérations, puisque la nécessité d’éviter ou de rassurer les quelques propriétaires réfractaires amène à limiter les crues à leur extension actuelle, et donc à maintenir le Glandon dans un lit mineur élargi. Et pourtant sur l’autre rive l’ENS offre un bassin d’expansion tout trouvé pour limiter les débordements côté Savoie – en attendant que les acquisitions ou autorisations nécessaires puissent être obtenues, le temps aidant, du côté savoyard pour arriver à une opération de véritable renaturation sur les deux rives par relèvement du lit du Glandon et ouverture des merlons.
Au final, le projet dans son état actuel se présente plutôt comme un accaparement du milieu naturel et des crédits publics par pêcheurs, aménageurs et commune des Marches, que comme un corridor biologique censé favoriser les liens entre écosystèmes et entre populations. Les visions restent cloisonnées, par calcul ou par ignorance, et il est temps qu’une concertation soit instaurée.
Nous demandons donc que le projet présenté soit profondément revu avec tous les acteurs concernés, collectivités, institutionnels et associations de l’environnement, de la pêche et de la chasse, de l’agriculture, de la culture et du patrimoine, particuliers propriétaires et usagers, de telle manière qu’il puisse devenir fédérateur au lieu de cloisonner et diviser. Le rapport du bureau d’études Guigues Environnement, présenté en 2015 pour la gestion et restauration de l’ENS, devrait former une bonne base avec le rapport du bureau d’études TEREO, dont la compétence n’est pas remise en cause dans cette opération soumise à trop de contraintes.
En l’état, le projet est pour nous irrecevable : inadapté, prématuré, il correspond pour nous à un gaspillage de fonds publics, tout en créant une perturbation importante des milieux, en limitant les possibilités d’extension du castor, et en risquant d’empêcher des aménagements plus avisés sur l’ensemble du site, ne serait-ce que par assèchement des crédits et par traumatisme des populations riveraines qui nous ont alertés.
Veuillez agréer, Madame le commissaire, l’expression de notre respect et de notre confiance
Pour GRENE, son président Pour la FRAPNA, son vice-président
Christophe Chauvin Marc Peyronnard
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Commentaires |
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> Guillemette V., le 14/02/2018 Dans le cadre de l’enquête publique concernant les travaux de stabilisation de restauration du Glandon aval, je vous adresse mon avis citoyen. |
> Marie J., le 15/02/2018 Si la restauration de la continuité écologique entre l’Isère et le Glandon, et la restauration du lit du Glandon aval sont nécessaires, mon avis à cette enquête publique est défavorable car : |
> Pierre B., le 16/02/2018 L'idée de supprimer le barrage inférieur me semble correspondre à une étude bien superficielle. En effet lors de la destruction des barrages en octobre dernier j'ai pu constater que 4 jours après les castors avaient déjà bien reconstruit le barrage amont mais quelques branches avaient été apportées sur le barrage aval. Avancer que ce dernier est abandonné me semble un peu rapide et ne repose pas sur des observations suffisantes. Donc je ne peux pas soutenir l'idée de détruire ce barrage. Il n'est pas acceptable que les travaux remontent aussi haut. |